
RECOUVREMENT DE FACTURES INCONTESTEES (RCCI)
Il s’agit d’une procédure extrajudiciaire simplifiée, rapide et moins onéreuse qui conduit à l’obtention d’un titre exécutoire.
Cette procédure n’est possible que si les parties sont inscrites à la Banque Carrefour des Entreprises (N° d’entreprise) ou dans un registre étranger considéré comme équivalent par la Loi.
- Relations B2B
La procédure n'est envisageable que si les 2 parties (créanciers et débiteurs) sont des entreprises/asbl c'est-à-dire sont immatriculées à la Banque Carrefour des Entreprises ou dans un registre étranger considéré comme équivalent. La procédure est donc exclue dans les relations B2C (Business to Consumer) ou C2C (Consumer to Consumer). Sont également exclues les dettes qui concernent les autorités publiques (NB : d'autres exclusions sont prévues).
- Rapidité
La procédure permet d'obtenir un titre (= document qui permet à l'Huissier de Justice de mettre en œuvre des mesures de saisies) ayant la même force exécutoire qu'un jugement et ce, au terme d'une période d'un mois et 8 jours. Cela constitue un atout indéniable par rapport à la procédure judiciaire classique qui peut quant à elle durer plus longtemps.
- Sécurité juridique
Bien que s'agissant d'une procédure administrative initiée par un Avocat et poursuivie par l'Huissier de Justice, il n'en demeure pas moins que la délivrance du titre est placée sous le contrôle d'un magistrat ayant pour mission de vérifier le respect des dispositions légales et la régularité de la procédure.
- Moins onéreuse
La procédure ne se déroulant pas devant un tribunal, vous évitez de faire l'avance de certaines taxes (frais de mise au rôle, contribution au Fonds BAJ, droits d'enregistrement). Cela a dès lors pour conséquence de réduire de manière significative le coût de la procédure. En outre le coût des actes posés par l'Huissier de Justice est fixé par Arrêté Royal et est le même pour tous les Huissiers de Justice.
- Limitation des accessoires
Bien qu'étant rapide, moins onéreuse et efficace, la loi limite cependant la récupération des accessoires de la créance principale à un montant de 10% du montant total restant dû. Par accessoires, on entend les éventuelles clauses pénales, indemnités forfaitaires, intérêts de retard qui sont fixés dans les conditions générales du créancier ou dans le contrat.
- Prescription
La signification de la sommation prévue dans le cadre de la procédure permet, au même titre qu'une citation, d'interrompre la prescription.
- Facilités de paiement
Durant la procédure, un plan de paiement peut être octroyé. Dans ce cas, la procédure est suspendue le temps de son exécution. En cas de non-respect du plan de paiement, la procédure reprend son cours normal de manière plus rapide que dans la procédure judiciaire classique.
- Registre électronique
Le dossier de procédure est encodé sur une plateforme électronique et les éléments essentiels du dossier (facture, sommation, procès-verbal de non-contestation, plan de paiement,...) sont déposés par l'Huissier de Justice sur cette plateforme. Cela permet au magistrat, en fin de processus, de contrôler le dossier en vue de rendre exécutoire le procès-verbal de non-contestation. La dématérialisation de la procédure offre également l'avantage de disposer instantanément du titre une fois celui-ci délivré par le magistrat et contribue donc à la rapidité de la procédure.
- Etape 1 - Sommation de payer
Après vérification des conditions d'application de la procédure par l'Avocat, celui-ci donne mandat à l'Huissier de Justice de signifier une sommation de payer. Celle-ci contient notamment un décompte détaillé des sommes dues, les possibilités qui s'offrent au redevable pour réagir à la sommation et les pièces probantes (factures, conditions générales, ...). A partir de la remise de cette sommation par l'Huissier de Justice, le redevable dispose d'un délai d'un mois pour réagir.
- Etape 2 - Procès-verbal de non-contestation
A l'expiration d'un délai d'un mois et 8 jours suivant la remise de la sommation et à défaut de réaction du redevable, de paiement partiel ou de non-respect du plan de paiement octroyé, l'Huissier de Justice dresse un procès-verbal de non-contestation. Celui-ci n'est pas remis au redevable à ce stade de la procédure. Il est déposé sur la plateforme électronique à l'attention du magistrat.
- Etape 3 - Délivrance du procès-verbal de non contestation exécutoire
Dans les jours qui suivent le dépôt du procès-verbal et après contrôle du dossier, le magistrat rend exécutoire le procès-verbal de non-contestation. L'Huissier de Justice en est avisé par la plateforme et peut ainsi télécharger le titre et entamer l'exécution.
- Etape 4 - Exécution forcée
Le procès-verbal rendu exécutoire doit comme tout titre exécutoire être préalablement signifié au redevable avant la mise en œuvre de toute mesure d'exécution (saisie). L'Huissier de Justice peut ensuite procéder à une saisie (mobilier, compte bancaire, immeubles, véhicules, revenus).
Attention ! Il ne faut pas perdre de vue :
1) que le créancier aura toujours la possibilité d'octroyer des facilités de paiements au redevable par l'intermédiaire de l'Huissier de Justice
2) que le redevable peut être amené à contester tout ou partie de la créance durant le délai d'un mois qui lui est laissé pour réagir à dater de la sommation et,
3) qu'il peut toujours introduire un recours contre l'exécution du procès-verbal de non-contestation rendu exécutoire.
Précisons qu'en cas de contestation du redevable, la procédure prend fin. Si le créancier souhaite malgré la contestation poursuivre la procédure, il conviendra alors de passer par la procédure judiciaire classique (citation).
A. L'AVOCAT : CONTRÔLE DES CONDITIONS
Le rôle de l'Avocat est de vérifier que les conditions pour mettre en œuvre la procédure sont réunies. Il s'agit notamment de vérifier que la créance n'est pas prescrite, que la dette n'est pas contestée, qu'elle est exigible, que les parties sont des entreprises/asbl.
Si les conditions s'avèrent réunies, l'Avocat mandate l'Huissier de Justice afin qu'il puisse entamer la procédure (sommation de payer).
B. L'HUISSIER DE JUSTICE : ASSURE LE DEROULEMENT DE LA PROCEDURE EN VUE DE L'OBTENTION DU TITRE ET INTERVIENT EN VUE DE POSER LES MESURES D’EXECUTION NECESSAIRES
Le rôle de l'Huissier de Justice est d'assurer le déroulement de la procédure. A réception du mandat de l'Avocat, il pose les actes nécessaires en vue d'obtenir le titre.
L'Huissier de Justice assure également la signification du procès-verbal de non-contestation rendu exécutoire et met en œuvre les mesures d'exécution nécessaires afin d'obtenir paiement (saisies).
C. LE MAGISTRAT : CONTRÔLE LA REGULARITE DE LA PROCEDURE
Le rôle du magistrat est d'assurer un second contrôle avant la délivrance du titre et de vérifier que la procédure a bien été respectée. Si c'est le cas, il rend exécutoire le procès-verbal de non-contestation dressé par l'Huissier de Justice.
Vous pouvez vérifier si vous êtes dans les conditions pour recourir à la procédure en suivant le schéma repris ci-après.
A. La créance est-elle certaine, liquide et exigible ?
Une créance est certaine si « elle existe actuellement ou encore semble réelle lors d'un examen superficiel » (1)
Une créance est exigible si la « créance est échue » (2). Autrement dit la date d'échéance doit être passée.
Une créance est liquide si « le montant de celle-ci est déterminé ou à tout le moins susceptible d'une estimation provisoire » (3)
Si la créance répond à ces 3 conditions cumulatives, vous pouvez passer à la question B. Dans le cas contraire, vous ne pouvez pas recourir à la procédure de recouvrement de dettes d'argent non-contestées.
(1) V. VAN HERREWEGHE, V. SCHOONHEYT & M. FORGES, "Mémento de saisies", Kluwer, Waterloo, 2017, p.173, n°337.
(2) Ibidem, p.173, n°343.
(3) Ibidem, p.173, n°345.
B. Créancier et débiteur disposent-ils d'un numéro d'entreprise ?
OUI = allez à la question C
NON = Vous ne pouvez pas recourir à la procédure.
N.B : Lorsque l’activité commerciale d’un créancier ou d’un débiteur cesse, la cessation est enregistrée dans la BCE et le statut indique en rouge « Arrêté ». À partir de ce moment, la procédure ne peut plus être appliquée.
C. Votre débiteur est-il en faillite ou en réorganisation judiciaire ?
OUI = Vous ne pouvez pas recourir à la procédure.
NON = Vous pouvez entamer la procédure et contacter l’Avocat de votre choix en lui demandant de nous adresser le dossier pour la suite de la procédure.
Trois possibilités sont envisageables :
A. Procéder au paiement du montant total dû repris dans le décompte inclus dans la sommation de payer. Les moyens de paiement sont repris dans le formulaire joint à la sommation. Le paiement intégral met fin à la procédure.
B. Proposer un plan de paiement en vous reportant aux instructions reprises dans le formulaire joint à la sommation. Un accord sur le plan de paiement suspend la procédure le temps de son exécution. En cas de défaut de paiement, la procédure reprend son cours normal.
C. Contester si vous avez de bonnes raisons de le faire, en motivant votre contestation. Une contestation insensée ou pour des motifs futiles pourrait entraîner de nouveaux frais (frais de la procédure judiciaire (citation)). Cette possibilité de contester doit donc être utilisée à bon escient. Par ailleurs, la contestation doit être émise au moyen du formulaire repris en annexe de la sommation.
A compter de la date de signification de la sommation, vous disposez d'un délai d'un mois pour réagir. A défaut de réaction dans ce délai, la procédure se poursuit sans rappel préalable. Dès lors plus vite vous réagissez, plus vos chances de trouver une solution sont grandes.
Une fois que le procès-verbal de non-contestation a été revêtu de la formule exécutoire, celui-ci doit être signifié avant la mise en œuvre de mesures d'exécution (saisies). Cette signification est accompagnée d'un commandement de payer.
Une fois que l'acte de signification-commandement a été remis à son destinataire, l'Huissier de Justice peut mettre en œuvre toutes les mesures d'exécution prévues dans la cinquième partie du code judiciaire (saisie mobilière, saisie-arrêt, saisie immobilière,...). L'Huissier de Justice peut procéder, si le créancier le souhaite, à une enquête de solvabilité complète permettant ainsi de proposer au créancier la mise en œuvre de la mesure d'exécution la plus adaptée en vue du recouvrement de sa créance.
Si une contestation survient au stade de l'exécution et est relative à une mesure d'exécution mise en œuvre, le redevable peut toujours saisir le juge des saisies compétent.
Outre ce recours, le redevable peut également introduire un recours contre le procès-verbal de non-contestation par requête contradictoire devant le juge compétent. A peine de nullité, chaque exemplaire de la requête doit être accompagné d'une copie du procès-verbal de non-contestation. Les règles prévues au Titre Vbis du Livre II du Code judiciaire sont applicables à cette procédure.